Témoignages d’hébergeurs

Vous réfléchissez à devenir hébergeur ? Prenez le temps de lire ces quelques témoignages pour découvrir comment cette grande aventure humaine a changé leur vie.

« Nous sommes sympathisants de la Maison Solidaire, mon époux et moi, depuis 2016, à la création de l’association.
Au départ, nous avons répondu à un appel pour des dons en nature envoyés aux réfugiés de la vallée de la Roya. Puis j’ai aidé à trier des vêtements pour le vestiaire, j’ai donné quelques cours d’alphabétisation et un jour, on nous a demandé si on voulait bien devenir hébergeurs solidaires. C’est un peu compliqué car nous vivons dans un petit village non desservi par les transports en commun et que nous travaillons tous les deux, donc sommes peu disponibles et nos grands enfants ont quitté la maison. Nous avons bien voulu essayer, pour des courtes durées, avec l’assurance de pouvoir joindre l’association en cas de difficultés.
Nous avons vécu une première expérience d’une semaine de vacances scolaires de la Toussaint avec un jeune guinéen et un jeune malien. C’était super. Nous appréhendions un peu mais les échanges ont été spontanés et les rencontres riches. Nous avons fait des jeux de société, nous avons discuté et beaucoup ri.
Ensuite, nous avons reçu en urgence pour 2 nuits un jeune homme, albanais, qui voulait absolument aider mon époux pour l’entretien extérieur de notre maison, on n’arrivait plus à l’arrêter !
Puis ce fut une jeune femme congolaise et sa petite fille, très vive, qui ont pu se reposer un week-end à la campagne.
Enfin, nous avons accueilli une dame plus âgée, congolaise aussi, pendant 2 semaines d’été, avec laquelle j’ai beaucoup sympathisé et qui était très heureuse de me montrer ses talents culinaires.
Ces expériences sont vraiment enrichissantes, certes, on donne, mais on reçoit tellement en retour ! »
N. N.

« J’ai eu l’occasion d’héberger à plusieurs reprises, plutôt sur du court terme (de quelques jours à quelques semaines), aussi bien des adultes que des mineurs. A chaque fois, ça a été une expérience enrichissante. Vivant en colocation, j’ai dû me mettre d’accord avec mes colocataires pour organiser l’accueil de ces différentes personnes. Les adultes que j’ai accueillis étaient très autonomes. Une fois nous sommes allées manger ensemble chez ma grand-mère à qui elles ont tenu à préparer un plat typique guinéen à base de poulet. Une des adultes tenait un carnet de bord avec le nom de toutes les personnes qui l’avaient hébergée, afin de ne jamais les oublier. Ces deux adultes parlaient français, ce qui facilite grandement les choses. Pour les mineurs c’est un peu différent, on se sent forcément plus responsable. Les mineurs que j’ai accueillis ne parlaient pas trop français, mais nous arrivions à nous comprendre en anglais. Nous avons essayé mutuellement de comprendre qui on avait en face pour nous adapter au mieux : il peut y avoir des incompréhensions ou des difficultés bien sûr, dans ce cas il ne faut pas hésiter à demander de l’aide à la Maison Solidaire. Les codes culturels peuvent être très différents, il faut donc être le plus clair possible sur les règles de la maison. Globalement, les jeunes étant occupés à l’extérieur la journée (cours de français, école, rendez-vous médicaux etc.), on se retrouvait en fin d’après-midi, l’occasion de partager jeux, repas et discussions très intéressantes. Ils avaient aussi parfois besoin de temps off, où ils pouvaient être tranquilles et se ressourcer un peu. A chaque fois, ils nous aidaient à cuisiner, mettre la table etc. La Maison Solidaire organise de temps en temps des réunions des hébergeurs afin de partager les expériences et de réfléchir ensemble aux difficultés qui sont posées. L’intervention de travailleurs sociaux ou médicaux dans ces réunions-là est un vrai plus pour comprendre la situation des personnes que l’on accueille. Quoi qu’il arrive, on n’est pas seul face à l’accueil. »
 
E.S.

« Accueillir un jeune, mineur non accompagné, isolé… une idée qui trotte dans la tête, qui fait son chemin, repart mais pas complètement, puis qui revient sans prévenir, quand on s’y attend le moins. Pourquoi pas… oui, mais quand-même… on ne sait pas sur qui on va tomber, et si ça se passe mal, et si, et si, et si… Des préjugés, fondés sur rien, mais qui sont bêtement ancrés… la peur de l’inconnu, la peur d’essayer. Allez, on y va.
Quand il arrive, le premier, on n’y pense plus, on est absorbé, fasciné, concentré, tout occupé à rendre sa vie plus confortable ou tout du moins moins difficile. Quelques jours, quelques semaines ou plusieurs mois, on ne sait pas… ce qui compte c’est l’instant présent. Un toit, un repas, une douche, c’est naturel pour nous, c’est essentiel pour eux.
Une des plus belles et des plus riches expériences de ma vie, assurément celle qui a changé le cours de mon existence, qui m’a marqué de façon indélébile, à l’instant même où j’ai rencontré A. pour la première fois et qu’il m’a dit « bonjour Madame » (maintenant, ça me fait rire quand j’y pense). Moi qui n’avais absolument aucun instinct maternel depuis mes 13 ans, je m’inquiète inutilement à 45 ans… La vie est pleine de surprises.
Une expérience riche, intense, humaine, qui rend fier, qui consolide ses propres valeurs… tout simplement. Aucun regret. Si c’était à refaire… » 
C.B.

« Accueillir, accompagner, se découvrir, partager, être présent, se laisser de l’espace et du temps, nouer, dénouer, renouer, échanger, bavarder, rire, pleurer aussi, s ‘apprivoiser, cohabiter, se construire, se déconstruire, se reconstruire, lutter, aider, se soutenir, parler, cuisiner, fabriquer, s’investir, comprendre, se faire comprendre, expliquer, accepter, espérer
…ah l’espoir, l’espoir et le courage, « ces p’tits» jeunes n’en manquent pas ! Cette liste de verbe, non exhaustive, peut paraître lourde et peu chaleureuse. Pourtant, ce sont les premiers mots qui me sont venus lorsque j’ai pensé à l’accueil et l’accompagnement des jeunes. Chacun de ces verbes résonnent de manière particulière lorsqu’ils sont vécus avec solidarité et humanité et qu’ils rappellent les émotions ressenties et les moments partagés ! Au-delà de l’accueil et de la fraternité, c’est une véritable aventure humaine qui met en évidence la capacité d’adaptation et de résilience de tout un chacun.
Je vous souhaite de merveilleuses rencontres !
L’écrivain Mohamed Mbougar Sarr écrit : « le hasard n’est qu’un destin qu’on ignore, un destin écrit à l’encre invisible. » Il est peut-être temps que l’invisible devienne visible … »
C.H.

« Des histoires d’hébergements, je pourrais en écrire un livre tellement j’ai de -beaux- souvenirs…  Je vais tenter une synthèse… Tenter en espérant que ça colle à la demande… Je laisse libre cours à ma prose et l’envoie derechef….
 
L’histoire d’un jeune Guinéen que j’ai rencontré à l’âge de 16 ans 1/2 environ. Je le nommerai Peter Pan en lien avec cette histoire qu’il a découverte, qui l’a fasciné et qu’il regarde encore régulièrement aujourd’hui… 1 ans 1/2 après… Je l’ai rencontré en tant qu’enseignante… Ce jeune au tempérament doux et rêveur a disparu au mois de juin. C’est toutefois en ayant réussi à reprendre contact avec lui alors qu’il errait dans la capitale à la recherche de solutions de vie meilleures et plus rapides, que je l’ai convaincu de revenir à Saint-Etienne. C’est ainsi que je l’ai récupéré dans un piètre état à la gare de Chateaucreux au terme de trois semaines d’errance si mes souvenirs sont exacts. Il avait beaucoup changé, était amaigri et épuisé. J’étais loin d’imaginer tout ce que cachait cet épuisement physique comme douleurs et brisures internes ! Sous le couvert et les accompagnements de la Maison Solidaire, on a accueilli « l’enfant rêveur » en état de sidération et, je crois que durant les 5 mois qu’il est resté parmi nous, beaucoup de choses sont remontées à la surface. Nous avons vécu, des moments intenses durant cet accueil. Nous avons découvert l’Autre, l’enfant que la vie a malmené et mené jusqu’à nous. J’ai appris à élargir encore mon angle de vue que je pensais pourtant plutôt large… J’étais loin d’imaginer la réalité de ces enfants et cela a créé des liens très forts… Des liens à vie peut être ? Que je n’oublierai et ne regretterai jamais, c’est certain !
Nous accueillons des jeunes dans notre maison de campagne depuis une quinzaine d’années. Lors d’une journée, un Week end ou quelques jours durant les vacances scolaires. Ils viennent par groupe à 4 jusqu’à ce que chacun d’entre eux ait pu profiter de moments de liberté, légèreté…Séjours détente, sportif, culturel parfois…. Séjours improvisés en fonction de la météo et en fonction des envies des uns et des autres… Ils ont un lieu de vie été et un lieu de vie hiver qui leur est propre. Ils ont investi une porte sur laquelle ils ont tous signé ou écrit quelques émotions…. Cette porte est pour moi la plus belle porte du monde… Une porte vivante, magique et hautement symbolique !  On fait les anniversaires, des tournois sportifs, les devoirs parfois…. On fait « comme ça vient » et ce n’est que du bonheur !
Nous avons donc reçu je ne sais combien de jeunes depuis une quinzaine d’années entre une journée et 5 mois.
Peter Pan m’a révélé des forces que je n’imaginais pas avoir. Moultes fois j’ai cru qu’il allait « se perdre » mais, à ce jour, il est bien là et bientôt, nous fêterons ses 18 ans ! J’ai l’impression qu’il a traversé plusieurs fois « l’intraversable ». Quelles leçons de vie sont-ils !
Nous avons vu passer-filles et garçons confondus- des Afghans, Albanais, Kosovars, Guinéens, Angolais, Sénégalais, Maliens, Tchadiens, Libériens, Nigérians, Gambiens, Sierra-Léonais, Soudanais, Syriens, Algériens, Tunisiens, Marocains, Ivoiriens, Congolais, Macédoniens…  Quelles riches aventures !!! Des moments tendres, des moments durs, des rires, des pleurs… Des moments authentiques desquels je ne retiens que du positif.
Elles/ils sont « mes enfants de cœur » ! »
F.D.

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